Vaa~ kun...? (Suite de RP avec Adélie.)

Cette fois, c'était un grand relativement grand puisque pour un grand il était plutôt petit, que la petite soeur de Nina Akizuki, Adélie-chan, tirait par la main. Et pour quoi, mon Dieu! ...Pour chercher un minable petit ver. Un ver de terre, un ver de farine, appelez-le comme vous voulez, un ver en tout cas, ou plutôt une larve de coléoptère encore à l'état de larve si vous voulez tous les détails, pour donner à manger à un petit oiseau blessé qui s'était retrouvé possédé par un esprit dont on avait perdu la trace, dommage. ...Cette journée... Était décidément dingue et riche en émotions. Et c'était très moindre par rapport à tout ce qui s'était passé avant, mais quand on y songe, après tout, en ce moment même, c'était la première fois qu'Osamu se retrouvait, à proprement parler, à se balader dans le parc sans Takashi à ses côtés. Mais bon. Il avait en sa compagnie une petite fille qui connaissait très bien l'endroit, alors pourquoi s'inquiéter? En plus, il faut avouer qu'elle tombait à pic, surtout au moment où ils n'avaient plus de carte, Feld ayant "perdu" les deux qu'ils avaient en leur possession. Il faudrait qu'ils pensent à aller en chercher une autre quelque part, d'ailleurs. Il s'était déjà passé tellement de choses en une simple journée...

...Pas dingue, mon Dieu...

Bon, mais ceci dit, il ne fallait pas voir tout en noir, au moins l'oiseau dont ils s'occupaient avait l'air d'aller déjà mieux, et à présent Osamu s'adonnait à une activité plus... Normale, enfin, si tant est que chercher un ver est quelque chose de normal. Mais de toutes façons, ce ne serait pas Takashi qui s'en chargerait, alors... Il fallait bien que quelqu'un le fasse... Ce n'était pas son activité préférée, à Osamu, admettons, mais ça ne le révulsait pas totalement non plus, surtout si ça pouvait aider un petit oiseau. Et puis après, on se remettrait au travail... Pour finalement aller boire ou manger quelque chose —Takashi buvait du café, et Osamu qui trouvait ça trop amer se demandait bien comment il faisait— et se remettre comme on pouvait de cette journée si éprouvante... En attendant, Osamu et la petite fille étaient arrivés sur la pelouse dont Adélie voulait probablement parler. L'endroit était bien animé, comme n'importe quel endroit du parc de toutes façons. Des gars vendaient dans des stands en plein air des ballons et des cerfs-volants pour les enfants. Osamu souriait tout seul rien qu'à la vue d'une telle ambiance. C'était rassurant comme endroit, ça mettait à l'aise... Sûr qu'on était moins enclin à voir le mal partout quand on se trouvait dans un endroit pareil... Mais Osamu reprit bien vite ses esprits : concentration, concentration! On est venu ici pour trouver de la bouffe pour l'oiseau, alors autant faire vinaigre si on ne voulait pas que l'état du pauvre petit animal s'aggrave! C'est tellement fragile un oiseau, surtout un oiseau blessé et gardé dans une pièce à l'intérieur... Heureusement, encore, qu'on l'avait confié à quelqu'un qui savait comment s'en occuper. Faire sa part du boulot, maintenant...

Adélie-chan... Tu dis que tu penses qu'on peut trouver des vers par ici, hein? Ou quelque chose qui y ressemble, du moins?

Adélie avait donc mené le spécialiste des insectes, puisque c'était ainsi qu'elle l'avait rebaptisé, jusqu'à la pelouse qu'elle lui avait décrite et une fois arrivée, elle fut bien surprise de le voir lui demander :

-Adélie-chan... Tu dis que tu penses qu'on peut trouver des vers par ici, hein? Ou quelque chose qui y ressemble, du moins?

... Il lui posait une question? ... À elle, la néophite, l'inculte, la novice, lui le grand manitou? Pas possible, c'était un piège? Brusquement, le visage de la gamine se fronça sous la méfiance. Bien sûr, il n'y avait pas de quoi se braquer, mais comme souvent, Adélie n'avait pas vraiment écouté ce qu'on lui disait...

- Mais... Mais tu avais dis que... Que l'herbe, tout ça... On trouve pas des vers dans ce genre d'endroits?

Hé oui, la chasse au coléoptère adulte, en plein été, aux scarabés et aux lucanes, la gamine connaissait, et elle adorait. Mais les vers...? C'était le grand mystère. Elle savait que les pécheurs en mettait au bout d'un crochet ( elle l'avait vu dans les dessins animés ), mais d'où venaient-ils, ces petits asticots gesticulants?

Se rappelant un autre dessin animé, elle sauta aussitôt du coq à l'âne pour demander à Samu d'un air candide ( malgré l'atrocité qu'elle allait dire ) :

- Mais... Et les pommes? Y'a pas souvent des asticots, dedans?

Et voilà... Si par le plus grand des hasards, Samu avait envie d'une pomme en ce moment même, il devait se sentir tout à fait écoeuré... Adélie, elle posait la question en toute innocence, oubliant un instant que, si un vers se trouvait dans un fruit, il risquait d'être mastiqué et avalé par erreur...

KRRRR...

Ça, c'était un étrange froncement de nez de la personne qui se retient un bon coup de rigoler, juste avant que ça éclate. Non, ça ne l'avait pas dégoûté, Osamu, mais la simple idée de prélever un ver qui était en train de bouffer l'intérieur d'une pomme, qui lui était tombée comme ça dans le crâne après la suggestion de la petite Adélie, lui donnait déjà envie de se marrer aux larmes. Et très vite, il ne se retint plus et ça éclata en grands "HA, HA, HA" qui lui étaient propres. Si Osamu avait en temps normal une voix qu'il tentait de faire discrète, d'autant qu'elle était encore étonnamment juvénile, lorsqu'il riait, c'était carrément une explosion. Ça pouvait s'entendre à pas mal de mètres à la ronde... Comme toutes les personnes, Osamu trouvait ça vraiment agréable de rire, dans le meilleur des cas jusqu'aux larmes. Seulement, dans sa pauvre petite vie de tous les jours, il trouvait plus à se plaindre qu'à se marrer... Enfin, là, c'était une belle occasion, autant ne pas la laisser passer!

HA HA HA HA... Ah non, ça, c-c'est... C'est pas possible!

Le jeune garçon avait presque du mal à parler au milieu de ses éclats de rire intempestifs. Il fallait dire que rire, ça lui coûtait de la respiration et du souffle... Mais il avait au moins réussi à expliquer suffisamment clairement que ce genre de trucs... C'était carrément impossible. Évidemment, Adélie était une enfant bien jeune et elle ne pouvait pas savoir ces choses-là, mais c'était tout de même très rigolo dit comme ça. Espérons que la petite ne se vexerait pas trop, ce n'était pas pour autant un rire méchant... Lorsqu'Osamu eut repris un peu son souffle et son calme par la même occasion, il leva à nouveau un index en signe d'explication, pour éclairer un peu la lanterne d'Adélie. Car apparemment pour se poser une telle question, elle ne devait pas trop savoir d'où venaient ces bêbêtes...

Tu sais, la manière la plus simple de trouver des vers, c'est de les acheter quand ils sont élevés... C'est comme ça que les pêcheurs font, par exemple, pour leurs appâts... (Ouaip, t'as tapé dans le mille, Osamu...) Mais le truc, tu vois, c'est que non seulement je pense pas qu'ici, on trouvera facilement un élevage de vers, mais en plus, ils les vendent par tas, ça fait beaucoup trop... Si on donne plus d'un ver à l'oiseau il risque de s'étouffer ou d'en avoir trop dans l'estomac... C'est tout petit, un estomac d'oiseau.

Bon, allez, maintenant qu'il avait enfin repris son sérieux, il fallait passer à ce pour quoi ils étaient venus. Osamu se dirigea vers un endroit où on voyait quelques buissons et arbrisseaux enracinés dans la terre, et vint s'accroupir devant pour baisser sa tête et jeter un regard intrigué en dessous. Il toucha la terre du bout du doigt, à tout hasard, sans trop de conviction.

Ouais... Mais peut-être que dans un coin comme ça, il y en a.

Adélie n'en voulait pas vraiment à Samu, mais elle boudait un peu quand même... Elle affecta de le regarder avec dédain, croisant les bras, marmonant et tapant du pied. Ces grands, tous les mêmes... Elle pensait en particulier à Pelleas qui riait toujours de façon inexpliqcable... Enfin, inexplicable, pour elle!

Puis, elle se rappela que cette idée lui venaot d'un cartoon très amusant, et se demanda si par hasard, Samu ne l'aurait pas vu.

Oui, c'est ça... , songea-t'elle en poussant un petit soupir de satisfaction.

C'est alors que pour sa plus grande joie, Samu-sensei entra en action. Il leva son index comme le fond ceux qui répondent à la maîtresse et commença à lui expliquer en long, en large et en travers la grande histoire des vers. En temps normal, Adélie aurait pardu le fil au bout de la deuxième phrase, mais il se trouvait que depuis quelques minutes ( et probablement uniquement pour cette journée bien spéciale ) les vres étaient devenus son principal centre d'intérêt. Elle avait même oublié que c'étiat bientôt l'heure du goûter...

Roooh! Alors en fait les pêcheurs, y zachètent les vers?! Ça se vend?

Mais en réalité, ce qui intéressait vraiment la gamine, dans ces vers, c'était qu'ils pouvaient rendre la santé à son ami l'oiseau ( tiens, faudrait lui trouver un nom aussi...). Et lorsque Samu revint justement sur ce sujet, elle renchérit avec vigueur :

- Ah, bah oui, bah oui, plus c'est petit, plus le sthomas il est petit, ben oui, ben oui... Moi aussi j'ai un ptit sthomas! Et je dois faire attention à pas trop manger, 'Ka-san ldit tout le temps...

Elle papotait ainsi tout en suivant Samu, ne se préoccupant pas de savoir s'il l'écoutait bien ou non. Elle s'accroupit pour voir ce qu'il faisait à la terre et son fond de train se trouva aussitôt décoré d'une auréole brune du plue mauvais effet, mais qui passait pour l'instant inapperçue de tous, pour la simple raison qu'elle était assise dessus...

Apparemment, Samu-sensei testait la terre de son doigt, et Adélie, amusée par ce jeu, imita aussitôt son nouveau modèle et examina son index souillée de boue avec un air inspiré.

- Oui, jcrois, moi. C'est nhumide et les vers aussi c'est nhumide. ( logique imparable... )Mais... Comment on va les trapper Samu? Tu sais faire le cri du ver, pou'ki sort' dleurs trous?

Puis, Adélie fut frappée par une lacune intolérable dans sa science... Il fallait qu'elle sache, oui, et iseul Samu-sensei pouvait apporter la lumière sur cet énigme capitale, vitale même!

- ... C'est quoi, le cri du ver?

Hé oui, tous le monde sait que la fourmi cro-onde, que les bourdons bourdonnent et que les mouches font "bzzz", mais qu'en est-il de notre mystérieux ami le ver? Il fait des alexandrins? Il verdit? Il verse?

Krrrmrfm...

Cette fois, Osamu, qui avait compris que ça ne plaisait pas beaucoup à la petite qu'on rigole d'elle, s'était efforcé autant que possible de se retenir de rire, et avait gardé la bouche hermétiquement fermée, bien que toute tordue et de laquelle s'échappait une espèce de sifflement nerveux. Ne pas éclater. Ne pas éclater, et Dieu savait que pour Osamu c'était dur. Le garçon laissa même échapper une petite larme, parce que ça lui piquait le nez de se retenir comme ça, et il avait mal entre ce gros nez boutonneux et sa bouche toute tordue, à cet endroit où on est gêné quand on est enrhumé.

T'es une bonne petite, tu sais, Adélie-chan.

Et Osamu se baissa vers Adélie et tapota dans le dos de la petite fille, légèrement, d'une main tremblante. En l'instant présent, avec son visage tout crispé comme ça, il était très moche —encore plus que d'habitude, disons, et ça devait lui faire une expression bien déroutante : entre rire et larmes... Pourtant il était bien en train de se marrer, ou plutôt en train de se retenir de se marrer.

Les vers de terre ça crie pas. Enfin, ça peut faire un bruit spécial mais c'est pas vraiment un cri. Et quand bien même on aurait déjà entendu ce bruit-là dans sa vie, c'est dur à imiter...

Le garçon prit une grande respiration et souffla le tout, doucement, lentement, pour bien reprendre son calme. C'était bon. Pour l'instant, il pouvait à nouveau tenir une conversation sans se marrer. Peut-être qu'à un moment plus tard ça lui reprendrait, mais pour l'instant, ça allait... Osamu se redressa et eut un regard vers la pelouse humide. Il sembla réfléchir un instant, puis parla à nouveau.

C'est vrai cependant que s'il y a des vers dans la terre sous cette herbe, on peut les attirer en tapant contre le sol ou en faisant du bruit. Mais je suis pas certain que ça marche... C'est pas un truc que je fais très souvent, attraper des vers, 'faut dire que... C'est un peu visqueux et long et collant, quoi, et ça glisse...

Osamu fronça légèrement le nez et regarda ailleurs. Pour une fois que c'était lui qui était dégoûté... Ceci dit, c'est vrai, à moins d'être un vrai insectophile, il est difficile d'éprouver beaucoup de plaisir à toucher un ver de terre. Bon. Osamu avait peut-être un moyen de faire venir ces vers, donc, mais le mettre en pratique, il n'était pas très sûr que ça vaille le coup... Donc il ne faisait rien pour l'instant.

Adélie eut quand même très peur. C'était quoi, cette drôle de tête toute crispée et toute rouge qu'il lui faisait, Samu-sensei? Il était en colère? On aurait même dit que la fumée lui sortait des oreilles...

C'est par'kr j'ai pas bien répondu? Oh, la, la, ça rigole pas...

Heureusement, le grand garçon ( du point de vue de la gamine ) lui tapota la tête et lui dit quelques mots gentils, ce qui stoppa net l'activité des neurones d'Adélie. Ah, bon, ça va tout est normal, vous pouvez retourner faire la sieste les gars!

Bref, l'esprit tranquilisé de la petite pouvait désormais accueillir cette nouvelle information sidérante : les vers ne crient pas. Même quand ty zont mal...? Apparemment, oui. Et c'était bien dommage, parce que la seule technique de chasse que la gamine connaissait était celle qui attire par les cris...

Heureusement, la science de son aîné la dépassait largement et elle put en profiter dans l'instant. Taper des pieds par terre? Et ça marchait? Mais c'était génial, encore plus marrant que d'imiter des cris!

L'idée lui plut tellement que, de sa position accroupie, elle bondit aussitôt sur ses courtes gambettes et se mit à trépigner de toutes ses forces en piaillant :

Comme, ça, c'est bien? Nihihihihi!!

Et de courir sur place de plus belle... Elle suatilla d'abord n'importe comment, puis le mouvement se ralentit et elle s'appliqua à bien appuyer chaque pied. Elle trouvait ça très marrant au début, mais elle se rendit compte bien vite que ça allait être fatiguant... Du coup, elle ajouta ( toujours martelant le sol de ses petits petons ) :

Vite, Samu, faut t'cacher pour 'trapper les vers quand ty sortiront de leurs trous!

Euh... Tu sais, on est tellement gros par rapport aux vers que se "cacher" servirait pas à grand'chose...

Osamu considéra la petite d'un air confus, en la regardant par ailleurs sauter sur place comme elle le faisait. Bon, apparemment, elle avait bien compris le truc... Et elle avait surtout l'air de bien s'amuser, c'était de son âge... Après tout, pourquoi pas, hein... Elle était bien naïve comme une enfant, mais elle était mignonne, cette petite, et la directrice avait certainement beaucoup de chance de l'avoir...

Ah...?

D'un seul coup, le binoclard eut un léger sursaut, alors qu'il regardait machinalement vers le sol. Mince, mais c'était qu'y en avait vraiment un, de ces espèces d'affreux saucissons miniatures capables de se mouvoir on ne sait comment, qui sortait lentement d'entre les brins d'herbe, pour le plus grand étonnement d'Osamu qui ne croyait pas réellement que ça allait marcher, pour être honnête... Mais si, la preuve en était là, devant ses yeux!

Woaaah! Lucky! Y en a vraiment un qui est sorti!

Alors, Osamu s'agenouilla par terre pour tendre le bocal qu'ils avaient emmené, après l'avoir ouvert, vers cette petite bestiole pas très ragoûtante pour qu'elle rentre d'elle-même dedans. C'est pas bien malin un ver, et ça a même pas d'yeux. Celui-là entra donc dans le bocal sans broncher ni changer de direction, tout juste en continuant d'avancer, lentement, entre la vitesse de l'escargot et celle de la fourmi.

Héhéhé! C'est parfait, et j'ai même pas eu à le toucher... Je pensais pas que ce serait si facile!

À présent, le garçon avait redressé le bocal et le ver, d'un blanc sale, jaunâtre, s'agitait lentement à l'intérieur. Peut importe s'il crevait entre-temps, de toutes façons l'important c'était que l'oiseau mange, et ça suffirait... Eh bien, ça avait été vite fait! Osamu leva alors un pouce encore un peu timide en direction de la petite, avec un sourire satisfait :

On l'a! Good job, Adélie-chan!^^

Adélie fut une fois de plus frappée par l'intelligence des propos de Samu ( 'lui en fait pas beaucoup, jveux pas dire ).

Mais oui, c'est vrai, on peut pas s'cacher! Comment pour les trapper alors?!

Évidemment, Adélie ne pouvait pas savoir que les vers sont aveugles, et que, cachée ou pas, ça revenait au même... Enfin, elle pensait que leur plan d'attaque était tombé à l'eau quand Samu eut une exclamation triomphale. La bête était sortie de son antre!!

Bouche bée, la gamine regarda faire Samu avec une admiration sans bornes. A vrai dire, il n'avait pas fait grand chose à part poser le bocal non loin de l'asticot et attendre qu'il y rentre, mais c'est justement ce qui époustouflait Adélie. Quand même! Sans même toucher l'insecte! Pas possible, il avait un don! c'était un charmeur de vers, elle en aurait mis sa main au feu ( c't'une fanatique, c't'enfant, j'vous l'dit! )!

Et ça y est, c'était dans la boîte! Adélie poussa une exclamation de joie en voyant le résultat de leur ( dur? ) labeur, et elle tapa dans ses mains, comme pour applaudir. Un ver, un ver tout mou et tout gigotant! c'est Taashi qui allait être content ! ( Pas trop, nan XD ) Et samu qui la félicitait! Ah, là, il fallait qu'elle soit à la hauteur! Les sourcisl arqué dans un effort pour paraître digne de confiance, elle répondit elle aussi par un pouce levé en disant avec application :

- A pas d'quoi, à ton service Samu!

Ouaah, ça faisait tellement responsable! Elle était presque aussi contente d'avoir pu dire cette phrase que d'avoir chopé un vers, tiens! D'ailleurs ce ver...

- ... Mais Samu, il est tout pâle... Jcroyais c'était rose moi! Peut-être qu' il est malade, tu crois?

Eh? Aah, ne t'inquiète pas pour ça... Il est juste d'une espèce différente!

C'était assez mignon comme question. Il est vrai qu'enfant, et même adulte d'ailleurs, la première idée qu'on se fait d'un ver de terre c'est d'un truc long, tout visqueux, et rose... Oui, rose, effectivement, rose sombre un peu comme une langue, Osamu voyait très bien. C'est ce genre de chose qu'on appelle un lombric, non...? Un machin encore plus long et plus repoussant que cette petite chose rabougrie et jaunâtre qu'il y avait dans le bocal. Mais le lombric, tout connu qu'il soit, n'était pas le seul ver connu sur cette terre... Et un lombric serait beaucoup trop énorme à bouffer, d'ailleurs, pour un oiseau. Oui, même ça, c'était gros.

Mais je crois bien, à le voir, que c'est justement cette espèce-là qui fait partie des choses que mange le moineau. On a de la chance!

Osamu semblait réellement soulagé. S'ils avaient pu résoudre ce problème si vite, ça voudrait dire que vu comment les choses étaient parties, l'oiseau allait vite aller mieux, et eux, ils pourraient vite retourner au travail aussi, puisque, ne l'oublions pas, c'était tout de même un peu ce qu'ils avaient à faire, à la base, travailler pour gagner de quoi se payer les études! Le garçon à lunettes sourit alors en direction de la petite, en sortant une phrase assez bateau, peut-être un peu stupide, mais qu'il pensait bien sincèrement à cet instant même :

C'est peut-être toi qui nous a porté chance, d'ailleurs, Adélie-chan.

Il lâcha un tout petit rire pour lui-même, avant d'esquisser un nouveau geste en direction du bocal qu'il avait dans les mains.

Yosh! En tout cas, on l'a! On va le rapporter à l'oiseau, tu veux bien?

Adélie écouta l'explication de Samu avec un respect quasi-religieux. À vrai dire, elle se posait souvent beaucoup de questions et il lui arrivait de les poser aux adultes, mais la plupart avait tendance à ne pas y faire attention ou à lui répondre de façon à détourner le sujet. Bref, il était rare somme toute qu'on prenne la peine de tout lui expliquer, et cette attitude chez Samu lui donnait à ses yeux un statut tout particulier, à peu près équivalent à celui de sa charmante institutrice de dernière section...

Elle n'osa pas pousser sa chance et demander ce qu'il entendait exactement par "porter chance" ( c'est vrai, quoi, il la prenait pour un maneki-neko?! ) et se contenta d'ajouter de sa petite voix :

- Aaah, c'est pour ça! Dis donc, t'en sais des choses, Samu-sensei. Les zoiseau, y zont de drôles de préfé... de préférés?... Y z'aiment de drôles de trucs. Moi jpréfère quand c'est rose, c'est sûr! Ça se trouve, c'est un garçon-oiseau.

Elle se promit de lui poser la question à l'occasion. C'est bête, elle lui avait fait un brin de discussion plus tôt, mais ils ne s'étaient même pas présentés, avec ce petit oiseau!

Puis elle eut un moment de réflexion. Comme il l'a souvent ete rappelé, Adélie est parfois très vive, mais elle a beaucoup de mal à focaliser son attention... Elle avait donc réagit assez vite à ce que disait Samu, mais n'avait du coup pas prêté attention à la fin de son discours. Heureusement pour elle, l'attitude de son maître était assez claire pour qu'on comprenne ce qu'il voulait.

- On doit rentrer, déjà? Ah oui, alors on va nourrir le zoiseau maint'nant, hein? Allez, allez!

Et elle attrapa la main de Samu ( réflexe de gamine : toujours tenir la main des grands pour pas les perdre! ) et la balança d'avant en arrière comme pour lui dire de se mettre en route.

Hé hé!

Osamu, cette fois encore, fit preuve de plus de réserve lorsqu'il rit de la petite Adélie, pour avoir moins l'air de se moquer. Il ne se moquait pas vraiment, à vrai dire. Il trouvait ça mignon, c'est tout. Un "garçon-oiseau". Parce qu'il n'aimait pas le rose... Mmh? Bon, de toutes façons, vérifier son sexe paraissait bien dérisoire, du moment qu'il pourrait se remettre à voler assez vite. D'ailleurs... Est-ce qu'on arriverait à le faire sortir de l'infirmerie assez facilement? C'était surtout ça, la question.

Peut-être bien... ...Mais arrête de m'appeler Sensei. Je le mérite pas.

Ça n'avait rien de méchant comme ordre. Non, il avait même baissé la voix. C'était juste qu'il ne voyait pas en quel honneur on devrait l'appeler d'un titre si honorifique, lui qui n'en savait pas plus que qui que ce soit et qui s'était toujours foutu plus bas que terre en toute situation... Takashi-kun savait beaucoup plus que lui, c'était lui qui méritait d'être appelé Sensei... Bon, il n'aimait pas les insectes, c'était entendu... Mais ce n'était pas vraiment de sa faute... Après tout, Osamu lui-même n'aimait pas la nourriture que Takashi-kun mangeait, c'est assez analogue... *SBAF* XD Okay, n'importe quoi. Whatever.

Eh...?

Le binoclard eut un petit sursaut très léger, lorsque l'enfant vint lui prendre la main à nouveau. Elle avait pas peur de lui, décidément, hein..? C'était une drôle d'impression... Comme une espèce de chaleur intérieur, ça le rendait content, l'Osamu. Il finit par sourire à nouveau, toujours avec pas mal de réserve, en direction d'Adélie-chan, et se mit en marche comme la petite fille semblait encourager au mouvement...

Mh! Oui, on y va!


HJ : On reprend au sujet de l'infirmerie, à partir d'ici, dans ce cas, nee?